17. décembre 2021

Energies renouvelables

Energie hydraulique. 100 % d’électricité verte provenant de la Birse.

 

La centrale au fil de l’eau rénovée Obermatt concilie énergie hydraulique et protection de la nature. L’énergie hydraulique est un pilier important de la production durable d’électricité. Mais les conditions-cadres que doivent remplir les exploitants sont strictes. La nouvelle construction et les mesures écologiques font de la centrale Obermatt sur la Birse à Zwingen un projet phare unique en son genre.

À peu près un an après la fermeture de l’ancienne centrale Obermatt, la nouvelle centrale est entrée en service en mars 2021. Dans le cadre du renouvellement de la concession, EBL s’est prononcée contre un assainissement, mais pour la construction d’une nouvelle centrale. Depuis la reprise de la centrale par EBL en 2004, les conditions-cadres avaient tellement évolué que la rentabilité de la centrale sur la Birse a été mise en cause. Avec dynamisme, persévérance et ingéniosité, EBL a élaboré, en collaboration avec des professionnels d’entreprises spécialisées dans les domaines de l’ingénierie, de la construction hydraulique et de la construction métallique, un projet de nouvelle construction qui satisfait à toutes les exigences de la Confédération et des associations environnementales et qui devrait permettre d’amortir une grande partie des investissements en dix ans. Grâce à des détails innovants à l’intérieur et aux abords de cette centrale discrète et habillée de bois, EBL a un effet positif sur l’environnement et sur l’efficacité de l’exploitation de la centrale. La centrale Obermatt sur la Birse pose ainsi de nouveaux jalons en matière de protection des eaux, de circulation des poissons et de protection contre le bruit. Les associations de protection de l’environnement ont obtenu une mesure compensatoire écologique supplémentaire de la part d’EBL. EBL a acquis trois terrains en aval de la centrale, qui devraient se transformer ces prochaines années en un paysage alluvial de manière autonome grâce aux mesures d’initialisation mises en œuvre.

L’énergie hydraulique est une tradition sur la Birse
Dans le Laufonnais, l’énergie hydraulique est utilisée au moins depuis le début du XXe siècle à des fins hydroénergétiques. Trois grandes papeteries ont couvert leurs besoins énergétiques en exploitant le potentiel hydroénergétique de la Birse. Dans la commune de Zwingen, une usine de pâte à bois et de papier a été construite en 1930 et, avec l’agrandissement de la fabrique dans les années 1950 et 1960, la centrale de dérivation Obermatt propre à l’entreprise a été entièrement rénovée en 1962. La concurrence internationale, les aspects environnementaux et l’évolution des conditions économiques ont entraîné le déclin de cet ancien fief de la production de papier. Au début des années 2000, le secteur des services a supplanté pour la première fois l’industrie et l’artisanat dans le Laufonnais. En 2017, la dernière papeterie de la région a cessé son activité.

L’énergie hydraulique locale sauvée
La Zwingener Fabrik a été fermée dès 2004 et le site a été vendu à un investisseur privé. EBL, qui était jusqu’alors principalement fournisseur d’électricité, a repris la centrale Obermatt sur la Birse et est ainsi devenue producteur régional d’électricité. Dès le départ, il a fallu procéder à un assainissement en profondeur de la centrale, lors duquel EBL a fait démonter complètement les deux générateurs et les a remis en état, a construit une passe à poissons au niveau du barrage et modernisé et automatisé l’ensemble de l’installation. Dans le canal en amont long de 925 mètres et une largeur moyenne de 10 mètres, EBL a enlevé et éliminé dans les règles près de 5000 mètres cubes d’accumulations de sédiments et plusieurs tonnes de détritus.

Quelques années seulement après cette rénovation générale, en 2016, la concession accordée par la Confédération a pris fin. Dans cette perspective déjà, EBL a lancé le processus de renouvellement de la concession et se réjouit de pouvoir maintenir la centrale de Zwingen après de longues négociations avec le canton, des organisations de pêche et de protection de l’environnement, et de continuer ainsi à produire de l’électricité verte renouvelable pour la région. Avec le temps pluvieux des premiers mois qui ont suivi la mise en service, la coopérative a également pris un bon départ du côté de la production.

Le saumon va-t-il revenir ?
L’échelle à poissons a été réalisée avec de grandes dimensions et de larges bassins, afin que le saumon puisse remonter la Birse, au cas où il retrouverait un jour le chemin de la mer du Nord jusqu’au Laufonnais. Cette mesure est motivée par les programmes «Saumon 2000» et ensuite «Saumon 2020» des pays riverains du Rhin, qui ont pour but de favoriser la réintroduction du saumon de l’Atlantique dans le Rhin. Pour le canton de Bâle-Campagne, cela signifie qu’il doit remettre en état la Birse, l’Ergolz et la Wiese pour les habitats et la migration des poissons. Parmi tous les affluents rhénans suisses, la Birse présente de loin les meilleures conditions pour une rivière salmonicole.

Fonctionnement de la centrale Obermatt sur la Birse
Dans une centrale de dérivation, l’eau accumulée dans un barrage est acheminée par un canal jusqu’à la centrale électrique qui ne se trouve pas directement à côté du barrage. La dérivation raccourcit le cours de la rivière pour augmenter la hauteur de chute. Toutefois, la centrale sur la Birse à Zwingen ne présente pratiquement aucune pente. La hauteur de chute n’est générée que dans la centrale elle-même par une chute verticale. L’eau qui tombe entraîne une turbine, qui produit de l’électricité par le biais d’un générateur.

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Martin Strohmaier, vous avez recommandé au conseil d’administration et à la direction de la société EBL d’opter pour une nouvelle construction plus chère au lieu d’assainir la centrale existante. Quelles ont été vos considérations ?
Pendant la procédure d’autorisation, le canton a mené à bien un projet de protection contre les crues dans la commune de Zwingen. Cela a entraîné une baisse du niveau d’eau d’environ un mètre dans le canal en aval de la centrale. Avec la centrale existante, les tuyaux d’aspiration des turbines auraient été découverts en cas de bas débit. Pour la nouvelle construction en revanche, cela a impliqué d’augmenter la hauteur de chute. De plus, l’accès à l’ancienne usine de production de papier n’était possible que par le terrain appartenant à des tiers et constituait un problème juridique. Avec le nouveau bâtiment, nous pouvons accéder librement à notre site et à la centrale. Du point de vue de l’espace et des vibrations, nous nous sommes ainsi écartés du plan d’occupation des sols du site. Avec la nouvelle construction, nous avons également eu l’opportunité de passer de deux à une turbine et de nous adapter aux futures périodes de fortes précipitations et de sécheresse afin de continuer à avoir une production rentable à l’avenir. Toutes ces améliorations et la réduction de moitié des charges d’exploitation justifient les coûts supplémentaires d’environ un tiers, surtout dans une perspective d’avenir.

Tout le processus de récupération de la concession, avec l’étude du projet, la procédure d’autorisation et la nouvelle construction, a duré sept ans. Quel a été le plus grand défi ?
Nous voulons produire de l’électricité durable tout en améliorant autant que possible l’écologie locale. C’est pourquoi nous avons pris contact très tôt avec les autorités cantonales compétentes et cherché le dialogue avec les associations régionales et locales de pêche et les organisations de protection de la nature. Le grand défi consistait à concilier les différentes exigences d’ordre écologique et technique avec les besoins d’exploitation et la rentabilité. Cela impliquait parfois aussi de fournir des éléments factuels en tant que base de discussion raisonnable et acceptable face aux différentes revendications.

La centrale est en service depuis quelques mois. Le conseil d’administration de la société EBL et la direction sont fiers de la réussite de la nouvelle construction et du projet global. Qu’en est-il pour vous ?
Je suis très heureux que le conseil d’administration se soit prononcé en faveur de la nouvelle construction et donc de la préservation de la centrale. Le projet était exigeant et passionnant, et nous avons pu apporter de nombreuses innovations judicieuses. Mais pour moi, ce n’est pas encore terminé. Le paysage alluvial en aval de la centrale électrique est encore en train de se former. Il faudra quelques années avant que la nature ne prenne son envol. En outre, l’installation doit dans un premier temps produire l’électricité prévue pour amortir les frais d’investissement. Dans ce domaine, il reste encore quelques embûches à déjouer. De plus, nous sommes entrés dans la phase d’apprentissage des processus opérationnels, qui nous permet d’améliorer le fonctionnement de la centrale sur le plan écologique et économique.